dimanche 19 juin 2011

Jambon à la chablisienne

Quand j'avais ma période d'insomnie/ dépression/ personne ne m'aime, j'adorais attendre le petit jour avec les programmes de la nuit, à la télé. Même maintenant que ça va mieux, je préfère largement ce qui est diffusé la nuit par rapport au jour. Tout prend une autre saveur, la nuit. Comme la majorité des gens roupille dans ces quelques heures qui précèdent le lever du soleil, on a l'impression de pouvoir se permettre beaucoup plus de choses. La nuit, on a la paix.
A la télé, on a de vieilles émissions, des films mal faits, ou des films géniaux mais qui ne sont pas grand public, des trucs surannés, oubliés, aux couleurs imprécises.
Et dans le lot, il y avait Aimez vivre en France. Une émission mettant en avant les savoirs faire régionaux, ambiance le terroir c'est la vie la vraie, on dirait qu'ça t'gêne de marcher dans la boue, on dirait qu'ça t'gêne de dîner avec nous. La façon de réaliser le documentaire ressemble aux vieilles émissions du temps où la télé française n'avait que deux chaînes. Je me souviens d'une de ces émissions dont la thématique était le bonbon, et qui était composée d'un tour de France de la fabrique de bonbons artisanaux (ou presque), où, pour chaque région, il y avait un plouc avec un accent très prononcé mais qui changeait de région en région qui disait "ah ben non si je vous donne le secret de fabrication se sera plus un secret putain con".

Aussi, quand j'ai trouvé chez ma mère un livre de recettes qui s'appelait Cuisine des terroirs, je n'ai pas hésité une seconde.
J'ai fait une sélection de recettes de plouc. Et franchement, pour prendre les plus légères, il a fallu relire le bouquin deux fois, parce que la cuisine des terroirs, c'est la pure ambiance tu reprendras bien de la crème fraîche avec ton lard à l'huile, bouge pas je fais flamber le saindoux avec du cognac.
Et la première que j'ai faite, c'est celle du jambon à la chablisienne. J'ai failli, dans un moment d'égarement, faire la version non alcoolique, id est un jambon à la chablisienne sans chablis, mais bon... j'étais pas sûre que ça marche aussi bien que le porc au citron sans citron. Et parce que j'ai décidé d'arrêter de bouder quand il y a de l'alcool dans une recette. Je suis bretonne, oui ou non? Alors en avant pour la miurge.

Ingrédients
- Deux tranches épaisses de jambon cuit (moi y avait plus ce que je voulais au monop, du coup j'ai pris un morceau de jambonneau qui devait faire à peu près l'équivalent de trois grosses tranches)
- 35 cl de chablis (et quand on prend une grosse bouteille, ben y a pas à tortiller, faut bien la finir pendant le repas)
- Deux échalotes
- 35 cl de bouillon de volaille
- Un bouquet garni
- 50 gr de concassé de tomates
- Une cuillère à soupe d'huile d'olive
- 15 gr de farine
- 10 cl de crème
- Estragon
- Sel, poivre

Comme c'est une recette de plouc, ça disait de faire revenir les échalotes dans du beurre. Mais que voulez vous, je ne peux pas, et je venais justement de me racheter de l'huile d'olive.
Une fois qu'elles sont revenues, on ajoute la farine, on mélange bien, et on rajoute le vin et le bouillon de volaille. Si comme moi vous n'en avez rien à battre des mesures au centilitre près, et entre nous ça m'étonnerait que le bon paysan bourguignon les sabots dans la glaise ait connu le verre doseur, rappelez vous qu'il faut autant de bouillon que de vin, un verre de chaque et c'est marre.
Là, on ajoute le bouquet garni, le concassé de tomates, on assaisonne et on laisse mijoter 15 minutes.
Ensuite, on ajoute le jambon, et on laisse chauffer cinq minutes, puis on retire les tranches, le bouquet garni, on ajoute la crème, l'estragon, on laisse se mélanger bien, et on nappe le jambon de cette magnifique sauce vachement équilibrée quand même. Je pense que la morue de la pub bridelight qui compte les calories dans le plat au saumon de sa copine (c'est très classe de faire ça d'ailleurs, très bien élevé) ferait une syncope en voyant ça. Et entre nous, ça serait bien fait pour sa gueule.
J'ai servi avec des haricots verts. Une purée de pommes de terre aurait davantage convenu, mais faut pas pousser non plus. D'autant que j'avais fait un dessert, du terroir lui aussi, qui n'était pas piqué des hannetons, mais dont je parlerais plus tard.

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