lundi 23 mai 2011

Fausse pissaladière

Aujourd'hui, je voudrais mettre fin à un vieux traumatisme. Je vais faire une pissaladière, certes, mais pas une vraie. Puristes, passez votre chemin.
Car je vais complètement dénaturer cette spécialité niçoise.
J'ai grandi dans le sud est de la France, et ma mère, qui était bretonne a voulu s'adapter en essayant les recettes locales, dont, bien évidemment, la pissaladière.
Je n'avais rien contre, j'adorais les oignons, et sur de la pâte à pain, c'était excellent. Ce qui me plaisait moins, c'était les anchois, et les olives. Je n'aimais pas ça (et ça continue). Ma mère, cette sainte femme, faisait attention à laisser une part de la pissaladière sans anchois, et elle me laissait enlever les olives, comme ça, je pouvais en manger comme tout le monde. Mon père n'était pas content, il aurait voulu me forcer à manger ce que je n'aimais pas, parce qu'il faut se forcer, paraît il. Je signale au passage que je raffolais déjà des épinards et du chou fleur, mais qu'on ne pouvait pas en manger aussi souvent qu'on voulait, maman et moi, parce que lui n'aimait pas ça...
Un soir, nous sommes allés dîner chez des amis de mon père. Ses "amis" n'avaient encore jamais eu d'enfants, mais avaient un petit côté donneur de leçon bien pénible, et étaient convaincus que je n'étais pas très bien élevée. Par exemple, une de ces imbéciles a tenu de long discours à ma mère comme quoi être la première à l'école primaire c'était trop pas bon pour le développement intellectuel en fait, parce que ça t'enfermait dans un carcan, tu wuà.
Venant d'une fille qui occupait ses journées en fumant de l'herbe, sans aucun avenir professionnel (elle dealait un peu devant les lycées, à l'occasion, mais c'était un CDI) et qui avait arrêté toute forme d'études ou de formation après le brevet élémentaire, c'était assez savoureux. Pour vous dire le genre de cons que j'ai été obligée de fréquenter.
Et donc, ce soir là, j'avais huit ou neuf ans, et j'étais obligée de suivre mes parents à cette connerie de dîner, ou ça finissait toujours par gueuler ou par rire très fort et très bêtement, pendant que ma mère restait triste dans son coin, et ensuite on allait frôler la mort en rentrant à la maison parce que mon père prenait le volant complètement raide.
Ma mère, toujours trop gentille, avait confectionné une pissaladière de ses blanches mains pour servir d'entrée. Elle était vraiment trop gentille, parce que quand ces blaireaux venaient à la maison, j'ai pas souvenir qu'ils aient apporté grand chose, à part une barrette de résine pour mon père ou des fleurs piquées dans les jardins de la mairie.
Et la morue qui nous recevait, a refusé de me servir de la pissaladière sous prétexte que j'allais trier les anchois et les olives, et que si c'était comme ça, ça ne valait pas la peine que j'en mange. Je me suis retrouvée à manger seulement la salade qui l'accompagnait, et un des potes de mon père a trouvé hilarant de m'appeler "la tortue" à cause de ça. Ma mère a plaidé ma cause, mais j'ai coupé court en disant que je n'en voulais pas, de toute façon.
Je comptais déjà le temps qui me séparait du moment où je pourrais enfin me barrer de là.
Et je n'ai plus mangé de pissaladière pendant plus de dix ans.
Il est temps d'y remédier.
Je suis majeure, j'fais ce que je veux, et j'emmerde la terre entière.

Ingrédients
- 400 grammes de pâte à pain
- Un kilo d'oignons (j'ai pris des oignons bretons *gniiiiihiiihihi*)
- Deux tomates (y en a pas dans la recette originale, mais bon, au point où on en est)
- Une boîte de thon à l'huile
- Deux tranches de saumon fumé
- Herbes de provence

Eplucher et émincer les oignons, les faire revenir dans de l'huile d'olive. Peler les tomates après les avoir ébouillantées rapidement, les couper en dés et les rajouter aux oignons. Laisser les oignons confire et rajouter les herbes de provence, au goût. Ne pas les laisser trop cuire, la cuisson va continuer une fois la pissaladière au four. Eteindre le feu et rajouter le thon à l'huile.
Etendre la pâte dans un moule à tarte, et verser le mélange sur la pâte. Décorer de lanières de saumon fumé, et envoyer au four. C'est prêt quand les bords de la tarte ont l'air bien cuits.

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